Journal d'une maman brisée à jamais

 Décembre 2006

10 mois sans toi. Chaque jour je pleure. Tu me manques tellement ; au plus profond de mes entrailles.

C'est trop inhumain de perdre son enfant. Je n'en peux plus de souffrir comme ça.

Je regarde ta photo, je te contemple, j'aimerais tellement que tu sois là assise près de moi. Tu me parlerais de ton fils, de toi... Une conversation de mère à fille. Je n'en aurai plus jamais. Je crie ma douleur. Ma détresse est immense. Comment vais-je continuer ma vie avec une telle souffrance ? Je m'interroge ...

C'est la pire épreuve dans la vie d'un parent que celle de perdre son enfant.

Depuis des semaines, je me submerge de travail. Je m'y noie. Je ne vais pas pouvoir continuer à agir comme ça longtemps, la fatigue se fait déjà ressentir .... Je vais sûrement m'écrouler un jour ou l'autre ...

Je me réveille plusieurs fois par nuit, toujours en pensant à TOI, mon ange.

Je n'ai certes plus la foi, mais je crois en TOI. Appelle-moi à toi, je t'en supplie.

C'est tellement dur de vivre avec le manque de toi.

Le week-end prochain je dois voir ton petit bonhomme chéri. Je lui ai acheté un cadeau (un petit synthé.). Je n'ai pas fait de sapin de Noël ; rien. Pas le coeur, pas l'envie. Noël est une fête de famille, et moi, ne t'ayant plus, je n'ai plus envie de le fêter.

Si, juste un petit peu pour ton Alexandre d'Amour car il est une partie de ta chair. Et encore, je lui remettrai son cadeau le 16 décembre et non pas le 25.

Je ressends trop le besoin d'être avec toi. Personne ne peut comprendre ce ressenti à moins d'avoir aussi perdu son enfant. Mal au ventre, mal au coeur, mal partout. Profondément. Désespérément.

Excuse-moi, je pleure, encore et encore. Je n'arrive pas à être à ta hauteur, à avoir ta grandeur.

Et j'en ai marre de l'incompréhension de certaines personnes de mon entourage ; des paroles qui blessent, j'en entends. Et pourtant j'essaie de faire la sourde oreille. Je me dis que c'est si peu important.

Toi seule compte ; je pense souvent au courage que tu as fais preuve et j'essaie, je dis bien j'essaie, de te ressembler.

Je te redis encore bien fort tout l'Amour que j'ai pour toi. Je t'aime, ma fille. Je t'aimerai toujours. Je ne t'oublierai jamais.

Le 4 décembre, jour des 2 ans de ton fils, j'ai aussi eu une pensée toute particulière pour toi. Je me disais "Magali aurait été si heureuse là  ; on aurait entendu son rire épanouie, elle aurait aidé son fils à souffler ses bougies". Comme tu dois manquer à ton si adorable petit bonhomme. Il était tellement tout pour toi. Tu t'es tant battue pour lui. Cela m'arrache le coeur d'y songer.

Alexandre, 2 ans

 Je me revois il y a juste un an ; tu étais à l'hôpital et tu me confiais un tas de choses .... Moi ta maman je ressentais tellement la profondeur de ton mal. Mais j'avais beau en parler à mon entourage, bien souvent, on me disait que j'affabulais ... mais devant eux, tu ne montrais bien, disant toujours que cela allait alors que tu n'allais pas bien du tout. MOI JE LE SAVAIS. C'était il y a un an ... c'était hier.

La période qui va me conduire à ce fameux jour du DRAME, le 7 février, va être une période pour moi bouleversante. Je le sais. Aide-moi je t'en prie. Tu es bien la seule à pouvoir m'aider.

Mes larmes coulent encore et encore, elles ne peuvent se tarir. J'ai trop mal. Oui, j'ai sincèrement affreusement mal.

Jour de Noël 2006

Une journée qui aurait dû être joyeuse, familiale. Au lieu de cela, c'est une journée triste et solitaire que j'affronte. MAL. HYPER MAL. C'est impossible de vivre ce qui est inacceptable. Aujourd'hui je n'ai plus de goût à rien. Je me dis "à quoi bon ?". Le désarroi m'habite entièrement. Tu me manques trop. Je n'arrête pas de t'imaginer là, regardant ton petit garçon ouvrir ses cadeaux, rigolant de ses mimiques et fière de ses prouesses ; si fière de ton fils, petite maman ...

Tu me manques c'est terrible. Comment ne pas pleurer toutes les larmes de son corps, c'est impossible ...

Aujourd'hui je me remémore les 24 Noël que j'ai passés avec toi ... et bon Dieu, ça fait mal de ne pas en passer un 25ème. Noël 2004 et Noël 2005, tu étais à l'hôpital mais tu étais là, je pouvais aller te voir, t'apporter un petit présent et un petit gâteau ; aujourd'hui j'ai dû me contenter de t'apporter une fleur sur une froide pierre. C'est affreux. Jamais je ne pourrai continuer à vivre. Cela me paraît simplement IMPOSSIBLE. Je te veux Magali. Tout simplement. Comme avant. C'est profondément trop difficile à supporter ton absence. Je hurle ma douleur aujourd'hui. Rien ne m'apaisera. C'est toi et toi seule qui me manque. Je t'aime ma petite fille adorée, de tout mon coeur, avec toute ma tendresse de maman. Et je te souhaite, là où tu te trouves, ange parmi les anges, un bon Noël ...

Nouvel an 2007 :

Très bonne année ma chérie que j'aime. Je te serre très fort contre mon coeur qui continue de saigner.

Du plus profond de moi j'espère que là où tu te trouves tu ne souffres plus. Veille bien sur nous, sur ton petit enfant d'amour, sur ta maman, sur Ludo, sur ton frère ...

Cette période de fête fut pour moi un cauchemar .... surtout les voeux ! Comment peut-on oser me souhaiter une "bonne année" puisque ma fille n'est plus de ce monde ! Par moment, excuse-moi, mais je ne peux plus faire "semblant". Je craque. Je suis un être humain, rien de plus. Il en est sur cette terre qui mériterait qu'un tel drame leur arrive. Pitié, qu'on arrête de raviver ma douleur. Je souffre assez comme cela !

Je ne formule qu'un voeu pour cette année : CELUI DE TE REVOIR. C'est absolument tout.

Je n'en peux plus ; qu'on me laisse seule avec TOI.

Les jours passent mais la douleur ne s'adoucie pas.

Il y a un an ... je pouvais te serrer dans mes bras ; maintenant, j'en crève de ne pouvoir le faire.

Ma chérie, ne doute jamais que je t'aime. Je t'aime d'un amour profond de maman.

Ma fille si brave, si courageuse, si ... TOUT. Tu étais toujours la première à me téléphoner pour la bonne année, toujours de bonne heure le 1er janvier. Ce fut terrible cette année de ne pas entendre ta jolie voix.

Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime .... vivement que je te retrouve.

Je t'embrasse très fort, ma petite fille. JE NE T'OUBLIERAI JAMAIS.

11 janvier 2007

Une soirée de profonde détresse. Je me souviens il y juste un an ...
Oui juste un an où j'étais convoquée dans ta chambre avec aussi ton Ludo. Tu voulais ce soir-là que le médecin en ta présence nous apprenne la vérité sur l'état de ta maladie. J'avais trop peur de ce que j'allais entendre (et que je voyais pourtant) mais je ne voulais pas montrer mon anxiété.

Ton petit garçon était là aussi, sage, dans sa poussette.

Nous attendions tous les quatre le médecin .... il est arrivé avec 2 heures de retard pour te dire "Magali on va sans doute te greffer cette nuit".

J'ai vu d'un coup tes yeux changer ; ils étaient éteints depuis plusieurs semaines ; là, ils brillaient à nouveau.

Je n'oublierai jamais cette dernière image que j'ai de toi CONSCIENTE. Tu souriais ; la petite main de ton fils était blotti dans la tienne. Il n'avait que 13 mois mais ce soir-là, je suis sûr qu'il comprenait ce qui se passait. Il était tout sage. Il te regardait. Vous vous regardiez, la main dans la main.
On pleurait tous ; on souriait tous ; on était brusquement bavard. On parlait de "l'après" ; que tu pourrais à nouveau vivre comme avant. On faisait des projets. On s'embrassait. On téléphonait à la famille pour annoncer la bonne nouvelle.

Tout le service de pneumologie s'était joint à notre joie. Les infirmières te notaient leur numéro de téléphone et on disait toujours "après ..... après". On avait plein de projets.

C'était magnifique cet espoir. Nous y croyions tous. J'y croyais  particulièrement. Je te savais forte, combative. Tu avais déjà surmonté tant d'épreuves.... Pour moi, il était impensable  que cela ne fonctionne pas ...

Toute la soirée, nous étions là. A un moment donné, alors qu'ils te préparaient pour le bloc, nous avons dû nous rendre dans la salle d'attente. Le Docteur H...... nous a accompagnés ; nous a dit "Magali voulait que je vous dise la vérité sur l'état de sa maladie, en fait, ce soir, on se voyait afin que je vous demande l'autorisation de mettre Magali dans un coma artificiel afin qu'elle ne se voit pas mourir".

J'ai cru m'évanouir ; oui je savais que tu étais gravement malade mais l'entendre fut terrible.

Oui, toute la soirée puis toute la nuit où je suis restée à l'hôpital (je voulais être à tes côtés, plus proche physiquement, d'insuffler encore plus de  force par ma pensée de maman)f Faisant les 100 pas dans une chambre du service des greffés que l'on m'avait octroyée, j'ai occulté le fait que la greffe pouvait ne pas réussir.

Jusqu'au dernier moment on ne sait pas si le greffon est bon ... à 1 heure du matin, une infirmière m'a rassurée me disant "le greffon doit être bon sinon le médecin serait déjà là". J'ai dit "ouf".

Le lendemain à 6 heures, le médecin est venu me faire un bref compte-rendu opératoire. D'après lui tout s'était passé normalement ; tu avais beaucoup saigné m'a t'il dit mais c'était normal ....

J'y croyais tant à cette Greffe.

Pourquoi ton décès le 7 février qui a suivi ?

Ma Magali chérie pourquoi mais pourquoi ? Je ne me consolerai jamais te ton départ. J'ai vraiment trop mal. J'ai vraiment le mal de toi. J'en crève de ne pouvoir te toucher, te parler, d'écouter, de voir, t'entendre. Je souffre.

M'entends-tu quand je te crie que je t'aime, que tu me manques ; accepte ma faiblesse, je t'en prie. Un jour peut-être je te ressemblerai, toi ma fille adorée SI FORTE, SI JOLIE, SI ATTACHANTE, SI COURAGEUSE.

Oh Magali, comme je t'aime. Je n'aurai de cesse dans mon existance que de vouloir te retrouver. Je t'aime pour l'éternité. Et jamais jamais je ne me consolerai de ton départ.

Ta maman qui veut te retrouver.

"Ma fille je t'aime pour l'éternité"